Communications
Lelièvre Samuel, « Hermeneutics, psychoanalysis, and picture. Ricœur at an epistemological crossroads [Herméneutique, psychanalyse, et image. Ricœur à un carrefour épistémologique] », atelier d’été Fonds Ricœur / Society for Ricoeur Studies, Fonds Ricœur / IPT, Paris (France), 18 juin 2019.
Résumé: Cette présentation envisage un lien entre herméneutique, psychanalyse, et image dans l’évolution de la philosophie de Ricœur. Concernant ces trois domaines, le philosophe a pu se trouver à un carrefour épistémologique donnant sur diverses voies possibles. On trouve d’abord une voie effectivement empruntée par Ricœur, à savoir une psychanalyse de l’art en lien avec la théorie freudienne et dans le cadre d’une herméneutique se référant à un symbolisme analogique et dialectique. Elle partirait d’une phénoménologie de la volonté jusqu’à une lecture de Freud et aboutirait à une confrontation entre herméneutique et philosophie du soupçon. Par ailleurs, cette approche de la psychanalyse freudienne a été confrontée à la philosophie de l’imagination de Ricœur. Une sémiotique de l’image en découle et conduirait ailleurs ; elle n’a pas été beaucoup exploré par le philosophe mais se jouait à proximité de La métaphore vive. Enfin, on pourrait envisager une voie que Ricœur a empruntée indirectement en se confrontant à la théorie freudienne mais qui ne peut lui être superposée : l’herméneutique épistémologique, laquelle comporte une dimension psychologique. Pour résumer, Ricœur s’est intéressé à la psychanalyse en venant de la psychanalyse de l’art ; ce faisant, il s’est confronté à la psychologie questionnée traditionnellement par l’herméneutique épistémologique ; mais on peut se demander si la seconde herméneutique de Ricœur (après La métaphore vive) permet de passer d’une psychologie de l’exception ou de la déviance à une psychologie de la règle « naturelle » ou de la norme. La critique par Ricœur de la psychologie de l’herméneutique de Dilthey, qui diffère de celle de Heidegger et de Gadamer, pourraient révéler ses limites. Si Ricœur ne franchit pas vraiment le cap de la naturalisation qui découle des sciences cognitives ou des neurosciences, cela n’empêche pas de reconsidérer cette dernière option, notamment dans le sillage des préoccupations du philosophe depuis Du texte à l’action et au-delà.
Abstract: This paper is considering a link between hermeneutics, psychoanalysis, and picture in the evolution of Ricoeur’s philosophy. The philosopher would thus find himself at an epistemological crossroads; something must be recognized here, which refers to different epistemological directions yet accessible from the same starting point. Firstly, there would be a road actually taken by Ricoeur, namely a psychoanalysis of art in connection with Freudian theory and within a hermeneutics referring to analogical and dialectical symbolism. It would go from Ricoeur’s phenomenology of the will up to his reading of Freud and lead to a confrontation between hermeneutics and the “school of suspicion” (Marx, Nietzsche, Freud). This approach to Freudian psychoanalysis had secondly to be confronted to Ricoeur’s philosophy of imagination; a semiotics of picture results from this and would lead somewhere else; this has not been much explored by the philosopher, but it was in the surroundings of the Rule of the Metaphor. One could finally consider a road that Ricoeur has indirectly walked when confronting Freudian theory but which cannot be superimposed to it; this direction would more be like a general pathway towards epistemological hermeneutics and anthropology, which necessarily includes a psychological dimension. In sum, it is worth recalling that Ricoeur was interested with psychoanalysis by coming from psychoanalysis of art. In so doing, he confronted psychology such as traditionally sought out by epistemological hermeneutics; but one could wonder if Ricoeur’s second hermeneutics (since The Rule of Metaphor) enables a shift from a psychology of the exception or the deviance to a psychology of the natural rule or the norm. Is Ricoeur’s critique of psychology in Dilthey’s hermeneutics, which differs from that of Heidegger and Gadamer, revealing some limitations here? If Ricoeur does not really cross the course of naturalization that arises from cognitive sciences or neuroscience, this does not prevent us from reconsidering this last option, especially in the wake of epistemic concerns claimed by the philosopher since From Text to Action and beyond.
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