Communications
Lelièvre Samuel et Johann Michel, « La “dérégionalisation” de l’herméneutique aux arts visuels et à la sociologie [Deregionalizing hermeneutics to visual arts and sociology] », séminaire de recherche du CEMS / EHESS, Paris (France), 12 juin 2014.
Résumé: Dans le premier chapitre de Sociologie du soi (2012), Johann Michel rappelle que la notion ricœurienne d’action sensée est liée à un modèle structural inséparable d’une perspective herméneutique. Qu’en est-il pour une approche des arts visuels, incluant ici le cinéma ? Si la question d’une « dé-régionalisation de l’herméneutique » nous amène sur le terrain méthodologique et épistémologique d’une extension de l’herméneutique, il est nécessaire de distinguer deux plans de problématisation. Dans les disciplines relevant de l’image ou des arts visuels, la notion d’herméneutique reste soumise à un certain nombre de préjugés conduisant à un déni ou rejet de ce terme même. Suivant Ricœur, il s’agirait de mettre en avant un rapport méthodologique-épistémologique au modèle structural ; on se situerait ici sur le plan des relations d’une philosophie herméneutique ricœurienne avec la notion de discours. Par ailleurs, concernant les arts visuels, on ne peut pas se placer dans un cadre disciplinaire déterminé. Les questions de l’image, du récit, et d’une image à la fois narrative et temporelle ont aussi à être déterminées dans un rapport poétique à l’ontologie ou par rapport à la question de l’imagination telle qu’elle s’exprime chez Ricœur ; on se situerait ici sur le plan des relations d’une philosophie herméneutique ricœurienne avec un au-delà de la sphère du discours, tel que cela apparaît dans « l’imagination dans le discours et dans l’action » (1976). Toutefois, à ce niveau, les arts visuels peuvent être l’objet d’une forme de suspicion en tant qu’ils renverraient non pas de ce que Ricœur nomme « imagination productrice » mais d’une « imagination reproductrice ». Comme pour la réarticulation entre expliquer et comprendre que propose l’herméneutique ricœurienne, on doit se placer depuis « l’intérieur de la sphère des signes » mais en hiérarchisant celle-ci par rapport à la question de l’imagination, aux notions de signe, symbole, récit et fiction, ou à des pratiques singulières comme le cinéma et les images engageant un rapport au temps et au récit ainsi qu’une représentation réaliste des sociétés humaines.
Abstract:
Lelièvre Samuel, « Mise en intrigue et mise en image : notes sur la théorie ricœurienne du récit et le cinéma [Setting in plot and setting in image: a note on Ricoeur’s narrative theory and cinema]», séminaire EHESS / Fonds Ricœur, IPT Paris (France), 03 février 2014.
Résumé: Dans Temps et récit 1. L’intrigue et le récit historique (1983), Ricœur commence par deux grands textes ou ce qu’il appelle aussi « deux entrées indépendantes » : l’une porte sur « les apories de l’expérience du temps » à partir du livre XI des Confessions de Saint Augustin, l’autre sur « la mise en intrigue » à partir de la Poétique d’Aristote. Ce qui intéresse Ricœur dans la Poétique c’est, d’une part, le concept de mise en intrigue (muthos) », et, d’autre part, le concept d’activité mimétique (mimèsis). L’objectif de sa lecture de la Poétique est d’ouvrir sur la question du récit mais aussi de tenter de répondre au problème de l’absence de la question du temps dans la Poétique d’Aristote par une prise en compte des résultats de sa première méditation. Or, lisant Temps et récit, il convient aussi de prendre en compte l’évolution des « pratiques narratives », ainsi que la diversité des expressions et des médias. Même si les modes d’expression de référence pour Ricœur sont les arts littéraires (poésie, théâtre, roman etc.), l’approche du récit qu’on trouve dans Temps et récit peut être étendue à des pratiques artistiques plus récentes ou, pour reprendre l’expression de Ricœur « subir l’épreuve d’autres contre-exemples ». Qu’en est-il de cette méthode pour une approche des arts visuels et plus particulièrement du cinéma ? Ce dernier médium engage, bien que de manière médiatisée, un rapport avec une « expérience temporelle vive » et se détermine par rapport au « récit de fiction » ; d’autre part, un rapport au « récit historique » n’est pas non plus absent, bien que cela soit encore soumis à débats. Relisant le chapitre II de Temps et récit 1, on se placera sur deux niveaux : un premier niveau revient sur la conception ricœurienne du récit à travers l’articulation entre mimèsis et muthos ; un second niveau situe davantage cette conception ricœurienne du récit sur un plan poético-éthique non-réductible une tradition aristotélicienne.
Abstract:
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